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IPMVP : de la théorie à la pratique

04 mai 2022

IPMVP, ces 5 lettres facilitent considérablement les travaux liés à la transition énergétique des bâtiments. Vous ne connaissez pas encore ? Elles désignent un guide méthodologique à découvrir de toute urgence pour aborder sereinement les premières échéances du décret tertiaire. En effet, cet International Protocol, reconnu et partagé dans le monde entier, offre de sérieuses garanties en termes de bonnes pratiques et de conformité : il répond aux standards les plus exigeants et les plus rigoureux. C’est pourquoi nous vous recommandons chaudement cette lecture. On vous a concocté un résumé aux petits oignons : oui, on a épluché et émincé les 60 pages des concepts fondamentaux de l’IPMVP. Au fait, vous n’êtes pas allergique aux anglicismes et aux acronymes ? 

 

  Au menu

  1. Pour la petite histoire… 

  2. Concrètement, c’est quoi l’IPMVP ?

  3. Comment calculer les économies d’énergie avec l’IPMVP ?

 

1. Pour la petite histoire… 

IPMVP c’est l’acronyme anglophone d’International Performance Measurement and Verification Protocol. Pour les moins polyglottes d’entre vous, il suffit d’inverser les mots pour obtenir la version française : Protocole International de Mesure et de Vérification de la Performance (PIMVP).  

 

D’où vient ce protocole ? 

Au début des années 90, l’IPMVP était une convention américaine, élaborée par le département de l’énergie. Elle n’était alors partagée qu’avec le Canada et le Mexique. D’ailleurs, son appellation était très locale : North American Energy Measurement and Verification Protocol (pour vous ménager, nous faisons l’impasse sur l’acronyme cette fois-ci).

 

Est-il vraiment reconnu ?   

Oui, le protocole IPMVP est appliqué par les meilleurs professionnels et ce, dans le monde entier. Sa notoriété internationale est symbolisée par son intitulé, endossé dès 1997. Depuis, plusieurs centaines d’experts, issus de plus de 20 pays différents, participent à l’élaboration des codes et des standards des énergies. Ils offrent ainsi au secteur un cadre d’application partagé dans le monde entier.  

 

Qui pilote l’IPMVP ?

En 2001, le comité de l’IPMVP crée une organisation à but non lucratif appelée IPMVP Inc. plus connue aujourd’hui sous le nom d’EVO, Efficiency Valuation Organization, qui n’est adopté qu’en 2004. 

 

EVO publie régulièrement une version actualisée du protocole, traduite en plusieurs langues. La dernière datait de 2016, jusqu’à cette nouvelle publication sous-titrée Core Concepts (concepts de base), mise en ligne le 23 mars 2022. Celle-ci n’est accessible qu’en anglais pour le moment. Les plus courageux peuvent la télécharger sur le site d’EVO, en créant un compte gratuit.

2. Concrètement, c’est quoi l’IPMVP ?  

L’IPMVP se matérialise par un document de 60 pages (pour la version française de 2016) qui présente les principes fondamentaux du protocole. Par ailleurs, de nombreux guides d’application le complètent (énergies renouvelables, constructions neuves, eau, références régionales, etc.).

 

Un référentiel commun de bonnes pratiques 

La finalité de cette vaste documentation normative est d’aider les propriétaires, locataires et gestionnaires de bâtiments à : 

  • Mesurer, vérifier et corriger la consommation des énergies et de l’eau des immeubles et des équipements ; 
  • Faciliter l’estimation, la réalisation et la conformité des actions d’amélioration de la performance énergétique (AAPE) ; 
  • Calculer au plus juste le rapport entre les coûts d’un projet et les bénéfices escomptés. 

 

L’IPMVP représente donc un précieux référentiel de méthodes et de formules, notamment si vous êtes concerné par : 

  •  Les objectifs de la Loi Élan et l’application du décret tertiaire
  • La mise en œuvre d’un contrat de performance énergétique. 

 

De fait, toutes les entreprises, les collectivités, les associations et même les particuliers peuvent être intéressés par ces bonnes pratiques. 

 

Six principes de base pour une conformité reconnue

Pour vous faire une idée de la ligne directrice qui guide la conformité IPMVP, en voici les 6 principes de base.   

La précision et la prudence

L’évaluation du ratio coût de l’AAPE / économie d’énergie est réalisée en amont du projet avec le plus de précision et de prudence possible. Une attention particulière est recommandée pour l’estimation des dépenses, la valeur des données utilisées et les performances visées.   

 

L’exhaustivité

Le protocole de mesure et de vérification (processus M&V) inclut l’ensemble des facteurs impactant la consommation ou le gain d’énergie. 

 

La fiabilité 

Les hypothèses sur lesquelles repose une étude énergétique sont raisonnables, conservatives (non altérées) et non surestimées, afin d’offrir un niveau de confiance satisfaisant. 

 

La cohérence 

Les données de performance d’une AAPE doivent être cohérentes et comparables à celles d’autres projets. 

 

La pertinence

Les évaluations d’économie d’énergie mesurent avec précision les facteurs les plus influents. Les paramètres secondaires et les plus prévisibles peuvent être simplement estimés.   

 

La transparence

L’ensemble des données est documenté de façon claire et rendu accessible à tous les acteurs du projet. 

 

 

Le saviez-vous ? 

Le respect de ces 6 principes clés établit la conformité du plan de mesure et de vérification (M&V).

 

M&V est un des outils d’application du protocole IPMVP. Il est défini comme un « processus de planification, de mesurage, collecte et analyse de données, dans le but de vérifier et de rendre compte des économies d’énergie dans le périmètre d’un site individuel suite à la mise en place d’une action d’amélioration de la performance énergétique (AAPE). »

Comment calculer les économies d’énergie avec l’IPMVP ? 

 

La lecture était tranquille jusqu’à maintenant, n’est-ce pas ? Un peu d’histoire, quelques principes, 1 ou 2 définitions… À présent, on va s’intéresser à l’application du protocole. On va un peu monter en puissance, vous êtes prêt ?   

Choisir les bonnes périodes et procéder aux ajustements

Eh oui, après les acronymes et l’anglais, un peu de mathématiques. Rassurez-vous, rien de bien méchant. Pour faire tout bien comme il faut, le protocole IPMVP recommande de calculer les économies d’énergie à partir de cette formule de base : 

La formule traduite en image, donne ceci : 

 

Illustration de la mesure des économies ou des la consommation d’énergie avant et après la mise en œuvre des AAPE

Crédit : EVO, document PDF IPMVP 

 

 

Comment ça, même avec l’image, ce n’est pas limpide ? Dans ce cas, décortiquons les composantes de la formule. 

 

La période de référence 

Comme son nom l’indique, il s’agit d’une phase de mesure de l’utilisation de l’énergie du bâtiment ou de ses équipements. Logiquement, celle-ci est choisie en amont de la réalisation des actions d’amélioration de la performance énergétique (AAPE). Les relevés effectués constituent une base de données qui sera comparée à celle de l’étape de suivi. La période de référence doit être : 

 

  • Représentative d’un cycle de fonctionnement normal ; 
  • Complète, avec une mise en évidence des minimas et maximas de consommation ;
  • Située assez proche de l’engagement des travaux afin d’en refléter les conditions réelles ;  
  • Choisie sur une durée où les variables indépendantes* et les facteurs statiques** sont disponibles. 

 

* Les variables indépendantes sont les paramètres qui influent sur la consommation d’énergie d’un système ou d’un site et qui, à priori, changent régulièrement. Exemple : la météo, les heures d’ouverture, la durée d’un éclairage, etc. 

 

** Les facteurs statiques représentent les caractéristiques d’un bâtiment ou d’un équipement (facteurs endogènes) qui impactent la consommation d’énergie et qui, à priori, ne changent pas. Exemple : surface du site, type et conditions de fonctionnement des appareils existants. 

 

Certains termes ne vous rappellent-ils pas le décret tertiaire ou la plateforme Opérat ?

 

La période de suivi 

Il s’agit de la phase d’évaluation ; elle suit la réalisation des travaux d’optimisation énergétique, afin d’en mesurer l’efficacité. Selon les éléments concernés (bâtiment entier ou équipement), la période de contrôle peut s’étaler sur des années ou au contraire, être très courte. En tout état de cause, celle-ci doit intégrer : 

  • Au moins un cycle de fonctionnement normal ;
  • L’usure des améliorations apportées. 

 

Pour être conforme à l’IPMVP, le constat des économies réalisées doit obligatoirement être produit pendant la période de suivi. Celle-ci peut parfaitement être prolongée sur plusieurs années pour bénéficier de résultats fidèles au protocole. 

 

Les ajustements 

Qu’est-ce que c’est ? Les ajustements renvoient à des calculs, souvent complexes, de l’impact des variables indépendantes et des facteurs statiques sur la consommation d’énergie. 

À quoi servent-ils ? Ils permettent de mettre en perspective les mesures effectuées sur différentes périodes, en neutralisant les éventuels changements de conditions (météo, équipement, etc.). Autrement dit, de comparer ce qui est comparable. 

L’IPMVP distingue : 

  • Les ajustements périodiques qui calculent les effets des variables indépendantes ; 
  • Les ajustements non périodiques qui mesurent la portée des facteurs statiques. 

 

Si ce n’est pas clair, voici la définition brute proposée par les traducteurs du protocole. 

Les ajustements sont utilisés pour modifier la consommation d’énergie de la période de référence de façon à refléter les mêmes conditions que celles rencontrées par les données mesurées après la mise en des AAPE. 

 

Hum… Le mieux est encore de laisser faire les professionnels. D’autant plus, qu’une fois les périodes définies et les variables d’ajustements identifiées, il faut maintenant délimiter le périmètre de mesure. 

 

Définir le périmètre de mesure

Selon le contexte et le type d’AAPE, le calcul prévisionnel des économies peut concerner un bâtiment ou l’une de ses parties, mais aussi un ou plusieurs équipements.

 

4 options possibles  

Heureusement, les têtes pensantes de l’IPMVP ont bien fait les choses. Pour préciser le périmètre de mesure, 4 options sont prévues : 

  • Les options A et B permettent de mesurer l’impact d’une l’AAPE de manière isolée, indépendamment du restant d’un immeuble. Par exemple, un système de ventilation. C’est la situation la plus simple, car, en principe, elle évite les contraintes d’ajustements ; 
  • L’option C est requise pour attester de la performance énergétique de l’intégralité ou d’une grande partie d’un bâtiment.  
  • Quant à l’option D, elle prévoit l’utilisation d’un logiciel de simulation énergétique et peut être appliquée pour les mesurages isolés ou globaux (options A, B ou C)

 

Quelle option choisir ? 

Nous aussi, nous avons bien fait les choses, voici un tableau récapitulatif des situations dans lesquelles privilégier telle ou telle option

 

Option A  Option B 
  • Lorsqu’une AAPE impacte : 
    • Une petite partie d’un bâtiment ;
    • Ou des équipements qui disposent de compteurs dédiés. 
 

  • Lorsque la mesure de certaines variables clés est suffisamment fiable et représentative
  • Si l’évaluation de certains paramètres secondaires est possible. 
  • Lorsque le mesurage de toutes les variables est nécessaire, car aucune estimation n’est possible.  
 

Option C 

 

Option D 

 

  • Lorsqu’il y a de nombreuses AAPE mises en œuvre ;
  • S’il est difficile d’évaluer séparément les consommations d’énergie ;
  • Si les options d’isolement A ou B sont trop coûteuses ou complexes. 
  • Dans le cas d’un bâtiment neuf ;
  • Lorsqu’il n’y a pas de période de référence ; 
  • Si les bases de données sont peu fiables.

 

 

L’IPMVP c’est donc ça… Et bien plus encore, mais le reste relève du domaine des spécialistes. En tout cas, vous connaissez à présent l’exigence et la rigueur de ses standards. C’est pourquoi Accenta réalise des diagnostics de consommation énergétique en conformité avec chaque étape du protocole. Ainsi, votre bilan offre toutes les garanties nécessaires et peut être opposable, notamment dans le cadre du décret tertiaire. En somme, l’IPMVP sécurise  concrètement vos actions d’amélioration de la performance énergétique. Quels que soient vos besoins de décarbonation, chauffage ou climatisation, il limite les risques liés à vos investissements. Et enfin, si malgré nos efforts didactiques, l’IPMVP reste pour vous un mystère, votre ultime recours est de solliciter un expert qui vous informera de vive voix. 

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